DETRUIRE CE SANCTUAIRE

L’apôtre Jean a acquis dans les évangiles, amplifiée par la tradition, la réputation de l’«apôtre de l’amour», le disciple que Jésus aimait. Cette représentation peut laisser croire que ses écrits sont dominés par cette thématique. Cet acquis de la tradition déroute les lecteurs et nous dissuade d’emblée de l’associer à la «destruction du temple». Cette dernière est un prétexte pour Jésus alors que sa reconstruction relève d’une urgence. L’évangile de Jean n’est pas un traité sur l’amour. Sur les vingt-et-un chapitres, seuls les chapitres treize et quatorze ainsi que quelques passages du quinzième se focalisent sur l’amour. En dehors de ces derniers, un autre monde de connaissance et d’enseignement émerge dont la quintessence repose sur la préoccupation suivante: «Toi qui es un homme, tu te fais Dieu». Cette affirmation cristallise les oppositions et les contradictions dont son évangile fait largement l’écho. Or, de l’acceptation ou non de cette proposition inédite dépend le salut révélé.